Des recherches récentes ont démontré qu’un moyen efficace de lutte contre le fléau mondial du cyberharcèlement est de cultiver l’empathie. Que signifie ce mot ? Il veut dire « souffrir avec » ou « se réjouir avec », donc être en communion avec autrui. Ce terme vient du grec et son équivalent provenant du latin est « compassion ».
L’empathie consiste à être touché par l’autre et même à savoir se mettre à sa place en étant capable de ressentir ce qu’il ressent. Tout ce qui lui arrive, c’est comme si cela m’arrivait à moi. Ce « à moi » empathique est pour Levinas la nature profonde de l’être humain qu’il appelle le soi. Ce soi (ou ce « à moi ») s’avère plus fondamental que le moi et se trouve malheureusement trop souvent recouvert par la dalle bétonnée de l’ego qui veut faire sa place au soleil au détriment d’autrui, comme l’écrit Blaise Pascal.
Mais en quoi le yoga permet-il de cultiver l’empathie ? Étymologiquement le mot « yoga » vient de la racine sanskrite yug qui a notamment donné en latin le verbe jungere signifiant « joindre ». Le yoga signifie donc « jonction ». Il nous relie à la fois à notre soi et aux autres, ces deux liaisons étant d’ailleurs complémentaires comme le montre l’image du collier de perles, symbole du yoga dans la Bhagavad-Gîtâ : « Tous les êtres sont enfilés comme des perles sur un fil », précise le texte (VII, 7). La perle précieuse représente le caractère unique de chaque personne alors que le fil d’or réunissant toutes les perles par l’intérieur est une figure du soi. Le yoga se situe ainsi à l’opposé du nombrilisme. Il est une puissante voie pour devenir ce que je suis : unique et uni aux autres.
Concrètement, il existe de nombreuses pratiques pour retrouver et accroître l’empathie. Dans le yoga tibétain, l’une des principales méditations du sage est d’absorber la douleur des vivants pour la métamorphoser. Le lama inspire en visualisant une fumée noire puis il la voit se transformer en pure lumière blanche à l’intérieur de lui avant d’expirer cette clarté vers l’extérieur en direction de tous les humains dans le malheur.
Guéshé Rabten Rinpoché, l’un des maîtres du dalaï-lama, nous déconseillait cependant cet exercice réservé aux sages avancés. Il préconisait plutôt de visualiser une sphère brillante au-dessus de nous, d’inspirer sa lumière puis de la diffuser en expirant, soit vers l’humanité en général, soit vers quelqu’un dans le besoin. « Vous êtes des passeurs de lumière », disait-il. Cet exercice peut aussi se pratiquer avec des jeunes. […]
- Les enfants se mettent face à face, par groupe de deux.
- Ils placent la paume de leur main droite, l’une près de l’autre, en s’effleurant sans se toucher.
- L’un des deux commence par diriger le mouvement du bras et de la main et l’autre doit le suivre, d’abord les yeux ouverts puis en les fermant. On change ensuite de « conducteur ». On refera l’exercice avec les deux mains.
Cette pratique oblige chacun à être pleinement attentif à l’autre, que ce soit le « pilote » veillant à ce que l’autre ne décroche pas ou l’accompagnant concentré sur le geste de l’autre. L’exercice peut évidemment aussi se pratiquer entre parents et enfants.
Extrait de « Restez zen vos enfants sont connectés ! » co-écrit par Sophie Flak et Jacques de Coulon aux Éditions Payot & Rivages.